Au cours des Saturnales, les esclaves jouissaient d’une apparente et provisoire liberté. Dans notre monde moderne, les femmes jouissent ce jour là d’une liberté qui masque toujours le long et rude combat d’une société machiste et inégalitaire. C’est pourquoi le 8 mars doit interpeller tous les hommes, toujours accrochés à leurs privilèges. Car le droit des femmes est un combat de toute l’humanité où elles continuent à subir, parfois en silence, les violences des lois qui ont été pensées et écrites par les hommes et pour les hommes.
Un silence coupable
Au cours des cinquante dernières années, le combat des femmes pour le respect de leurs droits a connu diverses péripéties. Il s’est apparenté aux droits des minorités à travers le monde. Et pour se donner bonne conscience sur les 365 jours que compte une année calendaire, les hommes ont décrété une journée de la femme. Une journée pour oublier les viols, les mariages forcés des mineures, les violences conjugales sur le sexe faible, les assassinats, les inégalités au travail, la parité, la mixité, l’inceste ou encore le refus de la scolarisation des jeunes filles.
Le silence coupable face à toutes ses horreurs ne peut s’effacer en une journée. A l’heure où nous pondons ces quelques lignes, des femmes sont privées de leurs droits ? Certaines ne peuvent participer à la vie politique de leur pays. Elles sont rayées des listes électorales.
Le silence et l’hypocrisie de notre société trouve ici toute sa plénitude. Nous nous voilons la face pour ne rien voir. Le combat de nos filles, de nos mères, de nos épouses et de nos sœurs est permanent. Il est soutenu par la magnificence de tous ceux qui se battent pour l’égalité des droits, non seulement pour les femmes, mais pour tous les êtres humains qui continuent à subir l’injustice, l’esclavage, le racisme, l’antisémitisme et le sexisme, etc.
Notre société qui vit dans le mensonge permanent imposé par l’homme doit briser le silence assourdissant qui perturbe les femmes dans leur ascension sociale où elles ont toujours fait preuve de rigueur d’esprit au même titre que les hommes.
Des progrès trop lents et trompeurs
Chaque année, la complainte de la journée de la femme nous rappelle, pour ceux qui ne sont pas autistes, que la femme est mère de l’humanité. Que sans elle, la vie n’est pas possible. Le combat de la femme ne se limite pas seulement à la disposition de son corps, mais pour mettre fin à toutes les vicissitudes du droit qui limitent leur liberté.
Certes, des progrès ont été faits. Mais ils ne peuvent masquer la souffrance quotidienne qui entraîne la mort brutale des femmes par des maris violents que notre justice ne condamne qu’à mots couverts.
Une journée ne suffit pas à couvrir le sexisme au travail. Un bouquet de fleurs ce jour là ne peut masquer les harcèlements subits toute une vie. L’autorité naturelle de l’homme doit être remise en cause car elle freine la longue lutte que mènent tous ceux qui se battent pour l’égalité des sexes et pour le plus grand bonheur de notre société où l’obscurantisme des hommes a encore de beaux jours.
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