Octobre 2021-octobre 2023, cela fait au total trois rentrées scolaires sous l’ère CNRD. Si celle d’octobre 2021 avait été une surprise, les deux dernières sont loin d’en être. Tous les parents d’élèves se sont accommodés au train de la « refondation » le cœur serré. D’ordinaire endurants et résilients, ils respirent difficilement l’air ambiant des wagons de la locomotive de la refondation, à l’approche du mois d’octobre.
L’atmosphère devient de plus en plus insupportable. L’ouverture prochaine des classes s’annonce avec anxiété. Pris entre l’inscription des enfants et les fournitures scolaires, les parents d’élèves, inquiets, s’interrogent. Dans les familles, dans les établissements scolaires et même dans les magasins de vente des tenues et autres fournitures, l’heure n’est plus à la lucidité.
Nous sommes au quartier Tayoua Jean-Paul II, dans la famille Coulibaly, où l’on s’active pour la rentrée scolaire. Le père de famille nous reçoit et nous explique ses difficultés en cette fin des grandes vacances. « Je venais de payer les cours de vacances pour un mois (15 août-15 septembre Ndlr). A peine je finis avec ça, me voilà face à la nouvelle rentrée des classes pour les frais d’inscription, de fournitures et de tenues pour quatre enfants. Tous dans les établissements privés. Avec quel salaire ? Ma femme ne travaille pas pour m’assister. Les livres, les cahiers autres instruments sont devenus chers sur le marché. Les tenues ? On n’en parle pas. Les temps sont durs. Surtout avec ce régime dit de refondation. C’est vrai, ils s’attèlent à achever les chantiers de l’ancien régime, ils construisent de nouvelles infrastructures, mais ça ne va pas. En cette rentrée scolaire, tout est devenu cher en ce sens qu’on s’interroge si le colonel Doumbouya et son équipe se rendent compte des réalités sur le terrain. Que les ministres descendent dans les marchés pour voir. Plus particulièrement ceux qui s’occupent de l’éducation. Les frais scolaires ont été revus à la hausse par les promoteurs des écoles privées. On a l’impression que les autorités n’ont aucun regard de ce côté. Nous sommes donc livrés aux propriétaires des établissements privés qui nous dictent leur loi. On ne sait que faire », se lamente El hadj Bakary Coulibaly.
Quant à Salematou D., la cinquantaine révolue, c’est le même son de cloche. Cette mère au foyer a sous son bras six gosses à scolariser. « A chaque rentrée scolaire, c’est la même gymnastique. Mais pour cette année, c’est compliqué. On ne voit non seulement pas la couleur de l’argent, mais tout est devenu cher au marché. Mon fils aîné m’a envoyé un peu d’argent de l’Europe, mais je n’ai pas pu couvrir les dépenses de ses petits frères. J’ai été voir dans leur école. Mais quelle ne fut pas ma surprise de voir que les prix des tenues et des fournitures scolaires ont grimpé ! Je n’ai rien compris. Pour les mêmes tenues, cahiers que ceux de l’année dernière, les prix ont augmenté sans explication. Le ministre Hawing doit nous expliquer les raisons de cette augmentation fantaisiste. Qu’il nous dise ce qu’il se passe. Sinon ça ne va pas », nous dit dame Salematou.
Des parents d’élèves face au régime de la refondation
Nombreux sont des parents qui s’interrogent aujourd’hui sur ce que le régime qui a balayé celui du « Changement » a pu apporter au niveau de l’éducation et plus particulièrement au niveau des charges tels que les frais scolaires. « Apparemment rien n’a changé. C’est la même gymnastique à chaque rentrée des classes. Le ministre de l’Education et de l’Alphabétisation, Guillaume Hawing a beau crié et vociféré dans les médias, rien n’a jusqu’ici changé. Toutes les décisions annoncées à cor et à cri sont restées lettre morte. Nous qui avons nos enfants dans les écoles privées tirons toujours le diable par la queue. Les frais d’inscription et autres tarifs ne sont pas encore fixés, mais on s’attend au pire », s’inquiète A. Barry, chef de garage à Coléah-corniche.
Article publié le lundi 18 septembre 2023
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