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Leaders ARDR

L’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République (ARDR) née sur les cendres de l’Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN) contractée à la veille de l’élection présidentielle de 2011, est aujourd’hui portée disparue de la scène politique nationale, sa voix devenant de plus en plus inaudible dans l’opinion publique nationale, faute de rhétorique crédible pour convaincre les Nigériens.



Comme jadis son ancêtre l’ARN, l’ARDR n’a jamais eu l’aura nécessaire pour peser face au régime de la renaissance du Niger qui continue son bon- homme de chemin dans la réali- sation de ses engagements élec- toraux. Tout comme l’ARN qui avait vu le jour dans le seul dessein de barrer la route au candidat du PNDS/Tarayya, l’ARDR a éclos dans les mêmes conditions, et cette fois-ci, puisque l’homme à abattre a été élu, il fallait alors mettre tout en œuvre pour l’empê- cher de gouverner le pays et à terme, inciter l’armée à faire irrup- tion sur la scène politique natio- nale afin de ‘’remettre les pendu- les à l’heure’’. Comme l’écrivait le plus grand philosophe italien du début du vingtième siècle, Gramsci, « le pire est que le vieux meurt et que le neuf ne puisse pas naître. ».

Il en est ainsi de la défunte ARN et de la moribonde ARDR, toutes deux frappées du sceau de l’impéritie à se poser en une véritable alter- nance au pouvoir en place en 2016. En effet, une alliance politique est par définition un projet de société, une vision politique, une conver- gence de vues, un agrégat de pro- positions pour bâtir ensemble la cité. Or, pour ce qui est de l’ARDR, rien de tout cela, les gens ne s’y sont assemblés que mus par la haine viscérale qu’ils vouent à un seul homme, Issoufou Mahamadou, l’enfant terrible de Dandadji, tout simplement parce que ce dernier avait pris une lon- gueur d’avance sur une classe politique ringarde et profondé- ment prébendière.

Vous enlevez cette triste dimension de la haine morbide contre la personne d’Issoufou et vous n’avez plus l’ARDR. Relisez les rares décla- rations que cette alliance de cir- constance rend publiques et vous y verrez que toutes les attaques sont dirigées uniquement sur la personne du Président Issoufou, allant jusqu’à le qualifier de ‘’dillan’’ (courtier en langues na- tionales), sans égard à son statut de Président de la République. Pourtant, en matière d’opposition, aucun des leaders actuels de l’ARDR n’arrive même à la che- ville de Zaki, lui qui y avait passé treize (13) années de sa carrière politique, mais jamais, il n’avait abandonné le terrain politique pour attaquer ses adversaires dans leur personne.

Intraitable, intransigeant, oui, il le fut dans les principes et un certain Mahamane Ousmane est bien placé pour le savoir. Tout son combat politique en tant qu’opposant, il l’avait mené pour des valeurs bien précises que sont la démocratie, l’Etat de droit, la bonne gouvernance et l’égalité de tous. A vrai dire, nous sommes encore nostalgiques de ces grands moments homériques où Zaki défiait le pouvoir en place lorsqu’il étalait au grand jour les frasques du régime de la Cin- quième République (LAP, PSOP, Marchés de gré à gré, Entente directe…), avec preuves à l’ap- pui ! Aujourd’hui, nous sommes orphelins de cette façon de faire de l’opposition, car l’ARDR a peut-être les épaules trop frêles pour porter cette espérance po- pulaire, ou bien n’a-t-elle pas tout simplement la virginité politique qu’avait Zaki pour incarner l’homme politique propre.

C’est vrai, il est difficile d’être opposant, surtout dans ce Sahel sec et aride, pour des gens habitués à tout avoir sur un plateau d’argent, mieux, sur un plateau en or, des individus dont le parcours politi- que est à tout point de vue bobo, caviardesque. Ainsi, en l’espace seulement de trois (3) années passées à l’opposition pour cer- tains (Seini Omar, Nafarko) et moins d’une année pour d’autres (Hama Amadou), les voilà déjà essoufflés, montrant des signes de fatigue au point de renoncer à leurs ambitions présidentielles de 2016, lorsqu’ils décident, la mort dans l’âme, de s’effacer au profit du vieil imposteur, Tandja Mamadou. C’est grave, très grave même pour les leaders de l’ARDR de s’en remettre au sénile Tandja, celui-là même qui avait détruit toute l’armature constitutionnelle et démocratique de la Cinquième République pour tenter de rester au pouvoir au-delà de ses deux mandats constitutionnels !

Ayant perdu la partie face au régime de la renaissance du Niger dont le bilan s’étoffe de jour en jour, l’ARDR n’est aujourd’hui que l’ombre d’elle-même, ne se mainte- nant en vie que par la seule haine que ses leaders nourrissent à l’endroit du Président Issoufou. Ainsi, aucun projet politique et sociétal, aucune mise en perspective ne sont articulés à l’intérieur de cette alliance circonstancielle pour convaincre les 17 millions de Nigériens et espérer l’emporter en 2016. C’est terrible ! Avec le recul du temps, on peut se demander comment est-ce que des hommes pareils ont pu devenir des leaders politiques. Ce sont-là justement les faiblesses de la démocratie populaire dans des pays comme le nôtre où la démagogie, le populisme et le clientélisme prospérant sur le terreau de l’ignorance des masses peuvent permettre aux marchands de rêves de passer entre les mailles électorales.

Mais comme le dit un auteur, « on peut tromper le peuple un moment, mais on ne peut le tromper tout le temps ». Autant jadis ces politicards aux petits souliers avaient cru exploiter l’ignorance et la naïveté des masses populaires pour accéder au pouvoir, autant celles-ci ont mûri aujourd’hui pour comprendre que cette caste de politiciens ne se soucie que de ses seules rentes de situation, et quand elle n’est pas aux affaires, elle remue ciel et terre et serait même prête à mettre à feu et à sang le pays, s’il le fallait ! En dehors du pouvoir, ils deviennent des êtres extrêmement fragiles, physiquement et fi- nancièrement parlant, car ils n’ont jamais conçu leur existence qu’accrochés aux basques du pouvoir et aux lustres de la répu- blique. Quid des convictions poli- tiques ?

N’en ont-ils jamais eu, car leur seule finalité est l’auto- accomplissement personnel. Pour s’en convaincre, il suffit de revoir leur bilan quand ils furent aux affaires où ils excellaient dans la mauvaise gouvernance en mettant exsangues les finances publiques par de faux marchés publics et autres surfacturations criminelles. Sous leur gestion, le sport national numéro un était le détournement des deniers publics à leur profit et à celui de leur clien- tèle politique. L’avènement de la Septième République aura permis de comprendre que l’on pouvait gérer le pays autrement que par le détournement et la corruption. D’ailleurs, le Président Issoufou avait l’habitude de dire que le Niger n’était pas un pays pauvre mais bien un pays mal géré. Aujourd’hui, c’est tout cela qui ébranle l’ARDR et l’amène à douter d’elle-même au point de chercher refuge auprès de l’imposteur Tandja pour les échéan- ces de 2016. Triste sort pour l’ARDR et ses leaders qui croient qu’on peut faire du neuf avec du vieux !


Article publié le jeudi 17 juillet 2014
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