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Si petite parfois, derrière la nuit
Où le vrai m’empêche de dormir
Je me rappelle une manière d’exister
Qui fait frémir
Je m’agenouille splendidement humaine
fille lisse de l’anthracite et du tourbillon
Ma pensée ocre se craquelle
tant est tard le proche jamais vu
Des nœuds luxent les images de l’ombre
et le sable scintille sur ma langue
où paissent les mirages
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Au lieu où le temps fauche la chair
s’éveille ma mémoire cellulaire
Des voix me chuchotent des espaces,
je ne suis plus poète, mais sculpteur
Je sculpte des images
dans la glaise sourde du temps
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Là où l’Innommé étincelle
j’extirpe l’épouvante de l’ oasis étrange
Le fond de la matière remue ses désirs
Je bouillonne, mais ferme les yeux
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Vieil
amnésique, ouvre ton œil univers !
Nomme, un à un, tes prophètes rieurs
Je choisis très vite ce qui danse
Mon ventre absorbe les arches, les eaux
les intraduisibles dialectes
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Musique à la ceinture, l’aile en folie,
j’encarte les songes, momifie les rêves
Amante des herbes, île penchée,
ma main grince son air occulte
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Je souffle sur le pollen des mots,
dégage le langage encombré,
ouvre le tridimensionnel regard du néant
l’épeire qui tisse le noir univers
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Des guerres sur mon front
nagent au creux de mes rides
Je croise la lumière, m’encoche d’appels,
de fantasmes oraux
J’accouche de la face cachée des mots,
du pain violet
Ma tendresse roule des yeux
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Virent les roues de mon corps !
Meurent les démographiques faims !
Les sirènes, les nymphes, les soldats !
Sous le perçant parfum de l’évolution
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Je dis les mots de l’ombre
Les mots couverts
où les mystères se nichent
J’habite la dernière planète,
l’ICI, où mes songes empilent
leurs pas feutrés
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Le sommeil y a son lieu comme une gerbe
Un tigre y dort, couché sur un fossile
d’avenir
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Par touches de planètes démentes
mon oreille lit le langage des astres
Fausses sphères
qu’emprunte mon sommeil
de cuivre-lune
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J’astique le miroir des rêves,
la rupture essentielle
Mon autre moi au bord de l’horreur
Ma chute vers les géants de lin
La brise de suie des amours
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Je façonne la lame,
le sucre - sable du jour
Derrière ma peau roule
l’amer reflet d’un pin spiral
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Je croise le Croiseur des songes !
L’oiseau - corail, l’huître, la perle des
pôles.
Plus bas m’exalte la comète
venue de l’éphémère
où luisent les étoiles, les fusées
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Je m’agrippe aux roseaux de la nuit
Me perche sur l’appui pourpre des eaux
comme un serpent de cercles bleus
Mes plumes, mes anneaux,
bruissent d’éther et d’origine
Ma page se revêt
de l’androgyne regard des graveurs
de feu
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Mon rêve se brouille
Le sommeil charpente ma course,
greffe des météores muets
aux vapeurs de la chair
Des tourelles dressent leurs têtes
hors des eaux originelles
Et la nuit divague
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Grand Sommeil !
Passeur de la barque des
songes
Nuits, où se prolonge
l’odeur poivrée des
rêves
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Je tourne la clé qui me guide
Le jour au plafond se peint
Ma tête comme une verrière claudique,
transmet ses images brisées
aux ocres rideaux
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Ali- Baba pendant les heures
où le délirant sillonnait le sommeil
Je relie les moments aux choses
tissées par le jour aux doigts rudes
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Le jour appelle la vie,
pourfend les vents glacés,
interstellaires
Combien de monde à traverser ?
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Mes jambes autour des
choses
mes lèvres sauvages
j' effeuille le sang
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L’existence huile ma bouche porteuse de
sommeil
dévide ses cordelettes d’oiseaux
Sur mon mur grêlent
les écailles calcinées des rêves
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Sentinelles de l’ombre,
gardez bien ce siècle !
Un dieu pourrait y
entrer
avant l’expiration du
temps
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Je lèche des vents tranquilles
Ma tête est chaude,
mon regard d’eau claire
Mon âme chausse ses sandales d’or
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Mon cœur se couvre d’algues
J’ écoute parler le temps dans mes cheveux
Je regarde tourner le lait en poussière,
dans la douceur d’un soleil meurtrier
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Sacrée devient ma chevelure
Ma parole est debout comme une pierre bleue
Empêchez ce moment venu !
ma double – plume et son rayonnement
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J'effleure le reflet,
le verbe magique,
l'Enfant de la neuve atmosphère
S’élargit le clavier de mes yeux,
la chambre aux allées de miroirs
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Dans l’étrangeté des musiques
jaillissent des étoiles nouvelles
des cônes de lumière
des mots volatilisés
l’infime battement du silence
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Je saisis que je ne fus rien
qu’une rue sombre
une source terrifiée
une chose tremblante
un bel ivoire ancien…
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Mon esprit vulnérable
s’agite
La paume tournée
vers mille années – lumières
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Je secoue la poussière de ma langue,
retrouve la parole perdue,
les particules conteuses,
l’énergie ultra – secrète
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Des chevaux, des gazelles,
mille démons,
un œil de lumière,
jaillissent de l’invisible
De la terre éternelle surgit
le serpent à une seule voix
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La terre n’est plus qu ’un temple antique
aux splendeurs insondables,
où palpite les racines cachées
de tous les chants
qu'enivrent des poètes
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Mon âme aux hautaines aventures
erre dans l’auge des étoiles
Le futur émerge d’un abîme dépeuplé
effeuille ses hautes écritures
Cavalier au cœur ouvert
sur les éternelles choses
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Ma rapière usée s’égrène
dans mes mains rouges
Reine des hautes tiges
je frémis, m’embue d’ombres,
une étoile fraîche au sein…
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La terre, louve
délirante
prodigue ses
grondements…
Que ma mémoire bronze et
durcisse
sur les rapides des
songes !
ou tourne sans fin
dans les grands
anneaux d’ions…
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Tous droits
réservés, Paule Doyon, janvier 2000
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