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Paule Doyon - / Instants - songes
01/11/2002
 

 

Si petite parfois, derrière la nuit
Où le vrai m’empêche de dormir
Je me rappelle une manière d’exister
Qui fait frémir
 
 

 Je m’agenouille splendidement humaine

 fille lisse de l’anthracite et du tourbillon

 Ma pensée ocre se craquelle

 tant est tard le proche jamais vu

 Des nœuds luxent les images de l’ombre

 et le sable scintille sur ma langue

 où paissent les mirages

 


 
  

 Au lieu où le  temps fauche la chair

 s’éveille  ma mémoire cellulaire

 Des voix me chuchotent des espaces,

 je ne suis plus poète, mais sculpteur

 Je sculpte des images

 dans la glaise sourde du temps

 


 
 

 Là où l’Innommé étincelle 

 j’extirpe l’épouvante de l’ oasis étrange

 Le fond de la matière remue ses désirs

 Je bouillonne, mais ferme les yeux

 


 
  


 Vieil amnésique, ouvre ton œil univers ! 

 Nomme, un à un, tes prophètes rieurs

 Je choisis très vite ce qui danse

  Mon ventre absorbe les arches, les eaux

  les intraduisibles dialectes

 


 
 

  Musique à la ceinture, l’aile en folie,

 j’encarte les songes,  momifie les rêves

  Amante des herbes, île penchée,

  ma main grince son air occulte

 


 
  

 Je souffle sur le pollen des mots,

 dégage le  langage encombré,

 ouvre le tridimensionnel regard du néant

 l’épeire qui tisse le noir univers

 


 
 

 Des guerres sur mon front

 nagent au creux de mes rides

 Je croise la lumière, m’encoche d’appels,

 de fantasmes oraux

 J’accouche de la face cachée des mots,

 du pain violet

 Ma tendresse roule des yeux

 


 
  

  Virent les roues de mon corps !

  Meurent les démographiques faims !

  Les sirènes, les nymphes, les soldats !

  Sous le perçant parfum de l’évolution

 


 
 

 Je dis les mots de l’ombre

 Les mots couverts

 où les mystères se nichent

 J’habite la dernière planète,

 l’ICI, où mes songes empilent

 leurs pas feutrés

 


 
 
 

 Le sommeil y a son  lieu comme une gerbe

 Un tigre y dort, couché sur un fossile 

 d’avenir

 


 
  

 Par touches de planètes démentes

 mon oreille lit le langage des astres

 Fausses sphères

 qu’emprunte mon sommeil

 de cuivre-lune

 


 
 

 J’astique le miroir des rêves,

 la rupture essentielle

 Mon autre moi  au bord de l’horreur

 Ma chute vers les géants de lin

 La brise de suie des amours

 


 
  

 Je façonne la lame,

 le sucre - sable du  jour

 Derrière ma peau roule

 l’amer reflet d’un pin spiral

 


 
 

 Je croise le Croiseur des songes !

 L’oiseau - corail,  l’huître,  la perle des 

 pôles.

 Plus bas m’exalte  la comète

 venue de l’éphémère

 où luisent les étoiles, les fusées

 


 
  

 Je m’agrippe aux roseaux de la nuit

 Me perche sur l’appui pourpre des eaux

 comme un serpent de cercles bleus

 Mes plumes,  mes anneaux, 

 bruissent d’éther et d’origine

 Ma page se revêt 

 de l’androgyne regard des graveurs 

 de feu

 


 
 


 

 Mon rêve se brouille

 Le sommeil charpente ma course,

 greffe des météores muets

 aux vapeurs de la chair

 Des tourelles dressent leurs têtes

 hors des eaux originelles

 Et la nuit divague

 


 
 
 

Grand Sommeil !

Passeur de la barque des songes

Nuits, où se prolonge

l’odeur poivrée des rêves

 


 
  

 Je tourne la clé qui me guide

 Le jour au plafond se peint

 Ma tête comme une verrière claudique,

 transmet  ses images brisées

 aux ocres rideaux

 


 
 


 

 Ali- Baba pendant les heures

 où le délirant sillonnait le sommeil

 Je relie les moments aux choses

 tissées par le jour aux doigts rudes

 


 
  

 Le jour appelle la vie,

 pourfend les vents glacés,

 interstellaires

 Combien de monde à traverser ?

 


 
 

Mes jambes autour des choses

mes lèvres sauvages

j' effeuille le sang

 


 
 
 

 L’existence huile ma bouche porteuse de

 sommeil

 dévide ses  cordelettes d’oiseaux

 Sur mon mur grêlent

 les écailles calcinées des rêves

 


 
 
 


 

Sentinelles de l’ombre,

 gardez bien ce siècle !

 Un dieu pourrait  y entrer

 avant l’expiration du temps

 


 
  

 Je lèche des vents tranquilles

 Ma tête est chaude,

 mon regard  d’eau claire

 Mon âme chausse ses sandales d’or

 


 
 


 

  Mon cœur  se couvre d’algues

 J’ écoute parler le temps dans mes cheveux 

 Je regarde tourner le lait en poussière,

 dans la douceur d’un soleil meurtrier

 


 
  

 Sacrée devient  ma chevelure

 Ma parole est debout comme une pierre bleue

 Empêchez ce moment venu !

 ma double – plume et son rayonnement

 


 
 

 J'effleure le reflet,

 le verbe magique,

 l'Enfant de la neuve atmosphère

 S’élargit le clavier de mes yeux,

 la chambre aux allées de miroirs

 


 
  

 Dans l’étrangeté des musiques

 jaillissent des étoiles nouvelles

 des cônes de lumière

 des mots volatilisés

 l’infime battement du silence

 


 
 

 Je saisis que je ne fus rien

 qu’une rue sombre

 une source terrifiée

 une chose tremblante

 un bel ivoire ancien…

 


 
  

 Mon esprit vulnérable

 s’agite

 La paume tournée

 vers mille années – lumières

 


 
 

 Je secoue la poussière de ma langue,

 retrouve la parole perdue,

 les particules conteuses,

 l’énergie ultra – secrète

 


 
  

 Des chevaux, des gazelles,

 mille démons,

 un  œil de lumière,

 jaillissent de l’invisible

 De la terre éternelle surgit

 le serpent à une seule voix

 


 
 

 La terre n’est plus qu ’un temple antique

 aux splendeurs insondables,

 où palpite les racines cachées

 de tous les chants

 qu'enivrent des poètes

 


 
  

 Mon âme aux  hautaines aventures

 erre dans l’auge des étoiles

 Le futur émerge d’un abîme dépeuplé

 effeuille ses hautes écritures

 Cavalier au cœur ouvert

 sur les éternelles choses

 


 
 

 Ma rapière usée s’égrène

 dans mes mains rouges

 Reine des hautes tiges

 je frémis, m’embue d’ombres,

 une étoile  fraîche au sein…

 


 
 
 


 

La terre, louve délirante

prodigue ses grondements…
 
 
 

Que ma mémoire bronze et durcisse

sur les rapides des songes !

ou  tourne sans fin

 dans les  grands anneaux d’ions…

 


 

Tous droits réservés, Paule Doyon, janvier 2000

 

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