En plus des droits commun à toute personne humaine, les détenus ont des droits spécifiques, notamment le droit à la défense, à l’alimentation et à la santé. Malheureusement, leurs droits sont peu ou pas respectés selon certains défenseurs des droits de la personne humaine. Faire respecter ces droits incombe au gouvernement et les détenus doivent s’en prévaloir.
Jean Marie Nshimirimana, président de l’association Ntabariza :s« Si les droits des personnes libres ne sont pas respectés, à fortiori le sont pour ceux qui sont en conflit avec la loi ».
La loi No 1/24 du 14 décembre 2017 portant révision du régime pénitentiaire dispose les droits et les devoirs des détenus au Burundi. Qu’en est-il de sa mise en application ? Jean Marie Nshimirimana, président de l’association Ntabariza l’explique simplement. « Si les droits des personnes libres ne sont pas respectés, à fortiori le sont pour ceux qui sont en conflit avec la loi », fait-il savoir. Selon lui, il y a encore un long chemin à faire en matière de respect des droits des détenus au Burundi. Comme il l’explique, la violation de leurs droits commence souvent dès le début de la procédure judiciaire. Il évoque surtout les lacunes en matière de droit à la défense et le droit à une justice équitable. Il regrette cependant que ces droits sont violés consciemment par ceux qui devraient les protéger.
Droit à l’alimentation
Comme nous l’a fait savoir Pierre Claver Miburo, directeur général des affaires pénitentiaires, le gouvernement du Burundi prévoit 300 g de haricot, 300 g de farine et d’autres ingrédients comme le sel et l’huile par détenu et par jour. Cette autorité regrette qu’il y ait des fois où l’approvisionnement n’est pas régulier à cause des lenteurs observées souvent dans les procédures des marchés publics. Cette ration octroyée par le gouvernement est souvent complétée par des suppléments nutritionnels donnés par les différents partenaires. Ces suppléments servent à compléter la ration des catégories spéciales des détenus.
Selon M. Nshimirimana, cette ration alimentaire accuse une insuffisance en qualité et en quantité. Il estime que le détenu a le droit de manger à sa faim et celui de manger une alimentation variée comprenant de la viande au moins une fois la semaine. Ce qui n’est pas malheureusement le cas dans les différentes maisons de détention au Burundi. Il regrette cependant qu’au lieu d’assurer leur survie, cette alimentation peut être une source de maladies pour la plupart des détenus, notamment celles de la peau et de celles liées à la malnutrition.
Il s’inquiète du sort des catégories les plus vulnérables que les autres. Il évoque notamment les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les mineurs en conflit avec la loi et ceux souffrant des maladies chroniques. Lesquelles catégories de gens présentent des besoins alimentaires spécifiques.
Le droit aux soins de santé
« Une institution médicale est mise en place dans chaque établissement pénitentiaire. Il y est affecté un personnel médical suffisant à temps plein qui a à sa disposition des moyens de réagir aussi rapidement et efficacement en faveur des détenus malades », stipule l’article 34 de la loi précitée. Même si cette loi est claire là-dessus, sa mise en application dans les maisons de détention au Burundi en est autre.
M. Nshimirimana, déplore que les structures de soins dans les établissements pénitentiaires ne disposent pas de bonnes conditions pour les détenus malades. A part l’insuffisance des médicaments, surtout les spécialités, le personnel soignant y est également insuffisant. « Une femme enceinte devrait avoir en permanence un gynécologue à ses côtés et à tout moment. De même, il devrait y avoir en permanence des pédiatres pour suivre les nourrissons, etc. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », regrette-t-il. « S’il est difficile d’avoir accès à une ambulance pour ceux qui sont libres, à fortiori cela l’est pour les détenus », ajoute-t-il.
Comme le fait savoir M. Miburo, lorsqu’un détenu tombe malade, ses soins de santé sont assurés à 100% par le gouvernement. Lorsque le malade présente une pathologie qui nécessite une intervention qui n’est pas disponible au sein de cette structure pénitentiaire, il est référé aux structures de soins externes, mais qui collaborent avec cette structure pénitentiaire.
Rappelons que pour l’exercice 2023-2024, le gouvernement du Burundi prévoit une enveloppe de plus de 14 milliards de FBu pour la restauration et les soins de santé des détenus.
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Mots-clés : Droits de l’Homme soc
A propos de l'auteur
Florence Inyabuntu.
Article publié le Monday, September 18, 2023