Exposition de peinture au CCFN de Niamey : A la découverte des œuvres de Allichina Allakaye
Augmenter la taille de la police Diminuer la taille de la police print send to Comments
Lectures : 925

Le petit oiseau pour s’envoler, en hommage à la terre, s’inclinait d’abord avant de prendre congé du sol qui a porté ses premiers pas. De même, l’artiste dans ses retranchements, s’interdit de rejeter du pied les restes et les mignons de la réalité qui l’ont vu naître. Allichina Allakaye a, à sa façon, sacrifié à la tradition.



Artiste peintre, dessinateur, metteur en scène, il a su récupérer les restes et les mignons de cette réalité, à les esthétiser et à les valoriser par le travail de la création. Redevable aussi bien de la terre qui a porté ses premiers pas que du théâtre qui lui a permis de projeter dans cette forme son univers intérieur, il a réussi idéalement à inverser un aspect des rapports de forces établis.

Après avoir puisé dans la tonicité des matériaux bien concrets du Niger que sont le sable, la latérite, le kaolin, l’acrylique, les pigments, le charbon de bois, après avoir pris la stridence de ses joies, de ses peines et de ses colères dans la sobriété et la froideur des couleurs de ses créations, Allichina invite à se souvenir de ces restes et mignons et à les honorer. Sous son regard, la réalité du théâtre éclate et s’étale sur la toile. Ce devenir-peinture du théâtre procède par déterritorialisation, dislocation et recomposition de l’identité première de la matière, du rythme, des couleurs, de la gestuelle… qu’il associe étroitement par la multiplicité des points de vue qui comblent ses tableaux.

Il peint comme s’il jouait, selon une technique qui lui est propre. Ce détour consiste en réalité en un détournement de la scène vers la peinture : une rencontre, comme dans «Sotigui», «Gardi», «Kasko», «les tré-teaux»…

Mais plus qu’une information mutuelle, cette rencontre se prolonge dans la reformulation d’un art par un autre . Autant Allichina a intégré le théâtre à la peinture, autant cette dislocation et cette recomposition ont placé ses œuvres dans l’éventail d’une traduction qui met en relief la singularité intrinsèque de l’artiste, qui produit des œuvres. Des créations qui cherchent à formuler en couleurs, en volumes et en formes la vérité de certaines situations singulières. Il apporte ainsi la preuve de l’existence d’un dialogue possible, mieux d’une dialectique entre le théâtre et la peinture. Comme il l'a dit lui-même devant le parterre d'invités au vernissage de l'exposition de ses oeuvres, hier mardi, au CCFN de Niamey : « Ma peinture reste abstraite dans le fond et la forme, tout est symbole ; dans la technique utilisée comme dans les couleurs ou les formes dessinées. La lecture du tableau n’est pas fixée seulement par ses personnages, mais comme au théâtre il y a le rythme, l’énergie, l’ombre, la lumière, tous les gestes et mouvements dans un espace à deux dimensions où l’on peut créer plusieurs dimensions».

Venez communier avec les œuvres de Allichina Allakaye à travers 55 tableaux en exposition dans le hall du Centre culturel franco-nigérien de Niamey, du 18 janvier au 6 février 2005.

Gorel Harouna
Article publié le mardi 25 janvier 2005
925 lectures
Accès rapide
Presse nigérienne
Nos partenaires