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Levée de la Journée d'hommage prévue le 13 décembre : Le pire a été évité
Mercredi, 10 Décembre 2014 07:24


Depuis l’assassinat odieux du journaliste d’investigation Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune, le 13 décembre 1998, cette date est commémorée chaque année par le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP), un regroupement de plusieurs associations et de partis politiques, qui demandent toute la lumière sur cette affaire. Il est vrai qu’avec le temps, la mobilisation a quelque peu faibli, mais ce triste anniversaire n’a jamais cessé d’être commémoré,  car  ils sont nombreux  les Burkinabè qui sont restés sur leur faim, à l’issue du procès ayant abouti à un non-lieu, et qui attendent toujours de connaître le fin mot de l’histoire, pour situer les responsabilités afin que justice soit rendue à Norbert Zongo.



Avec la chute du régime de Blaise Compaoré, beaucoup pensaient le moment venu pour que toute la lumière soit faite sur tous les dossiers pendants que les gouvernements successifs de la IVème République ont soigneusement travaillé à étouffer, parce qu’ils mettaient directement ou indirectement en cause les tenants du pouvoir d’alors.Aussi l’enthousiasme qui a suivi l’annonce de la réouverture du dossier Thomas Sankara par les autorités de transition, laissait-il présager, pour bon nombre de Burkinabè, la réouverture de bien d’autres dossiers dont celui de Norbert Zongo. C’est pourquoi, en cette veille de la célébration du 16ème anniversaire des horribles assassinats de Sapouy, beaucoup de Burkinabè ne comprenaient pas que cette date fût retenue par les autorités de la transition, pour rendre hommage aux martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers, et se demandaient si ce n’était pas une façon de vouloir noyer le dossier Norbert Zongo.Bien plus que le lieu, à savoir la Place de la révolution, c’est le choix de la date même pour la commémoration des deux événements, qui posait problème, car l’un risquait d’être éclipsé par l’autre. Et si le CODMPP a estimé être en droit de revendiquer « sa » commémoration du 13 décembre, il va de soi qu’il voyait derrière le choix des autorités de la transition, une tentative d’entrave à la manifestation de la lumière sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Pour la simple raison que dans la conscience collective, ce dossier, qui est intimement lié au clan Compaoré et à son entourage, pourrait directement ou indirectement gêner aux entournures certains artisans de la transition qui leur étaient proches.Une célébration dans la division aurait pu être nuisible à la transitionC’est pourquoi il faut saluer la décision des autorités de la transition de reporter sine die la journée d’hommage aux martyrs. Cela évite toute confusion. A présent, il faudra, au besoin,  prendre langue avec le CODMPP pour arrondir les angles et rassurer les uns et les autres, si les nouvelles autorités ne veulent pas donner raison à certaines mauvaises langues qui affirment que le dossier Norbert Zongo pourrait être, quelque part, la mauvaise conscience de certains acteurs de la transition, ce qui justifierait que jusque-là, à l’opposé du dossier Thomas Sankara, l’on n’ait entendu aucun engagement de l’Exécutif concernant l’affaire Norbert Zongo.Le peuple a manifesté un élan de solidarité envers les martyrs du soulèvement populaire. Il s’est massivement mobilisé pour les accompagner à leur dernière demeure.  On peut donc s’attendre à ce que,  chaque année, ce jour de commémoration draine du monde.  Tout comme la journée des événements de Sapouy promet encore de faire sortir une population toujours assoiffée de justice pour ce qui est de l’affaire  Norbert Zongo.En tout cas, il était difficile de croire que le choix de cette date par les autorités de la transition était une simple coïncidence tant, depuis 1998, la date du 13 décembre est ancrée dans la mémoire des Burkinabè.  Cette date symbolique a contribué à l’éveil de bien des consciences. L’on peut même dire qu’elle a été le point de départ de la prise de conscience du peuple, et que, quelque part, il a été l’élément déclencheur du soulèvement de ce peuple, pour plus de liberté et de justice, qui a connu son couronnement avec les événements des 30 et 31 octobre derniers.Au demeurant, le nouveau visage que le Burkina présente aujourd’hui en termes de libertés individuelles et collectives, notamment de presse, d’expression, de manifestations, en somme de certaines réformes salutaires et même l’élargissement de la représentativité de l’opposition au sein du parlement, tire, quelque part, sa source du drame de Sapouy et du sacrifice de Norbert Zongo. Vouloir donc faire tomber dans l’oubli une telle manifestation, pouvait mettre à rude épreuve la cohésion nationale. Est-ce l’objectif recherché ?En tout cas, une célébration dans la division aurait pu être nuisible à la transition elle-même. Car si elle n’y prenait garde, l’effet boomerang pouvait lui revenir à la figure, alors que la journée d’hommage aux martyrs n’a pas besoin d’être entachée, de quelque façon que ce soit.Outélé KEITA


 


Le Pays


Article publié le mercredi 10 décembre 2014
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