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Transition : A domicile avec Djibril Bassolé
Mercredi, 12 Novembre 2014 09:13


On disait que, flairant ce qui risquait de se produire, il avait quitté le pays avant l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Il n’en est rien. Car Djibril Bassolé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas bougé. A-t-il trahi Blaise Compaoré comme l’a prétendu un journal camerounais (1) ? «Si je dois être Judas pour sauver des centaines de vies humaines, cela ne me dérange aucunement», nous a répondu l’ancien-ministre des Affaires étrangères lorsque nous l’avons joint hier au téléphone.



Puis avec le calme olympien qu’on lui connaît, le premier général de Gendarmerie du Burkina va nous expliquer sa contribution pour éviter un affrontement sanglant entre les manifestants et les militaires. Notre échange téléphonique s’est ensuite poursuivi à son domicile. Et ce qui n’était qu’un simple entretien s’est transformé en interview exclusive. Même s’il n’a pas voulu s’étendre sur certains aspects, il n’a pas esquivé les quatre questions que nous lui avons posées sur les événements des 30 et 31 octobre 2014. Certaines informations vous annonçaient hors du pays, précisément en France avec votre famille suite à des divergences de vues avec le Chef de l’Etat. Qu’en est-il exactement ?Je suis à Ouagadougou. Les événements m’ont trouvé à Ouaga et j’y suis toujours. L’évolution de la situation commande que je sois là pour aider à trouver une solution de sortie de crise. Dieu merci, mon domicile quasiment contigu à l’Assemblée a été épargné par les manifestants. Où étiez-vous exactement le 30 octobre 2014 ? Le 30 octobre j’étais à mon domicile dans un premier temps, puis, avec la brutale dégradation de la situation, je me suis rendu au camp Paspanga, d’où j’ai rejoint l’état-major des Armées sur invitation du Chef d’état-major général pour trouver une solution de sortie de crise. Voulez-vous nous conter heure par heure ce que vous avez fait les 30 et 31 octobre 2014 ?Ce n’est vraiment pas le moment d’entrer dans ce genre de détails. Je considère qu’il était un devoir pour l’officier de Gendarmerie que je suis de tout mettre en œuvre avec tous les responsables des forces de défense et de sécurité pour préserver l’ordre public et la paix. Selon certains médias, l’ex-Président vous accuse de l’avoir trahi. Il parle même de complot organisé par l’armée et l’opposition.Je ne l’ai pas entendu dire cela. En revanche j’ai lu comme vous que j’étais le Judas du chef de l’Etat. Il n’est jamais agréable d’être accusé de traîtrise, mais s’il faut être Judas pour éviter le carnage, un bain de sang et une situation de chaos généralisé pour le pays, alors je devrais l’assumer. L’occasion me sera donnée plus tard d’expliquer ma contribution et les raisons profondes des décisions que l’état-major général en tant qu’institution a dû prendre pour conduire le pays dans une «transition» pacifique, et préserver l’indispensable cohésion au sein des Forces Armées nationales.Il n’est pas utile de s’attarder sur le passé. Je souhaite ardemment que le pays renoue avec un ordre constitutionnel qui préserve la paix et la cohésion nationale. Que l’administration d’Etat et les services socio-économiques de base retrouvent un fonctionnement normal, et que des élections libres, transparentes et démocratiques soient organisées dans un environnement sociopolitique apaisé. C’est dans ces conditions que le pays pourra tirer tout le profit de la grande mobilisation qui a caractérisé les événements des 30 et 31 octobre et préserver les acquis du passé. Entretien réalisé parAdama Ouédraogo Damiss


 


L'Observateur paalga


Article publié le mercredi 12 novembre 2014
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