centrafrique

Accueil
centrafrique

Incursion meurtrière de l'armée tchadienne en RCA

Traduction
Augmenter la taille de la police Diminuer la taille de la police print send to Comments
Lectures : 1613

 :L'armée tchadienne a menée "plusieurs incursions" dans le nord-ouest de la Centrafrique
depuis la mi-janvier, "tuant des civils et incendiant des villages",
a affirmé jeudi l'organisation Human Rights Watch (HRW), inquiète
pour le sort de cette région "déjà instable".
"L'armée tchadienne a lancé plusieurs incursions transfrontaliè res
contre des villages du nord-ouest de la République centrafricaine
(RCA) ces dernières semaines, tuant des civils, incendiant des
villages et volant du bétail", déclare l'ONG de défense des droits de
l'Homme dans un communiqué.

"Ces incursions meurtrières de l'armée tchadienne déstabilisent une
région déjà instable", s'inquiète l'ONG.

HRW a recensé "au moins cinq attaques distinctes" depuis la mi-
janvier, dont la plus violente a eu lieu le 29 février.

"Au moins deux véhicules de l'armée régulière tchadienne sont entrés
sur le territoire centrafricain, six villages ont été détruits
complètement" , a expliqué à l'AFP à Bangui le chercheur de HRW
Olivier Bercault.

Selon lui, ce raid a fait au moins quatre morts.

Ces violences, entre les localités frontalières de Markounda et
Maïtioukoulou, ont poussé plus d'un millier de personnes à fuir leur
village, certaines ayant trouvé refuge dans le sud du Tchad.

L'ONG précise que les forces gouvernementales tchadiennes semblent
agir "en soutien à des éleveurs peuhls originaires de RCA ou du
Tchad", opposés à des agriculteurs centrafricains pour des problèmes
de terres et de récoltes.

"On ne sait pas encore clairement si les attaques de l'armée
tchadienne ont été menées avec l'aval et en coordination avec les
autorités de la RCA", écrit HRW, en rappelant que Bangui avait
déjà "autorisé" ces dernières années les forces de N'Djamena à
intervenir sur le sol centrafricain.

"Ces raids ayant été menés en partie en représailles contre le groupe
rebelle (centrafricain) APRD (Armée populaire pour la restauration de
la démocratie), des preuves suggèrent que les autorités de la RCA
pourraient avoir donné leur feu vert à ces attaques", ajoute
l'organisation.

"Le gouvernement du Tchad doit immédiatement ordonner à ses troupes
de ne plus participer à ces attaques", réclame-t-elle.

Le nord-ouest de la Centrafrique est plongé depuis 2005 dans
l'insécurité provoquée par les rebelles, les "coupeurs de routes",
mais également par des exactions de l'armée centrafricaine.

"Les habitants du nord de la RCA sont attaqués de toutes parts. Ils
ont été attaqués par les groupes rebelles, par les bandits, par leur
propre armée, et maintenant par l'armée tchadienne", déplore HRW.

Pour Olivier Bercault, la garde présidentielle, épinglée dans un
récent rapport de l'ONG pour des exactions contre les civils, est
toutefois "rentrée dans ses cantonnements et ne joue que son rôle de
protection du président de la République".

Par ailleurs, le représentant du secrétaire général de l'ONU Victor
Angelo, à la tête de la Mission de l'ONU en République centrafricaine
et au Tchad (Minurcat), est arrivé jeudi à Bangui où il doit
notamment s'entretenir avec le chef de l'Etat centrafricain François
Bozizé.

"Je viens rencontrer les autorités, mes collègues des agences des
Nations unies et les ambassadeurs. Et aussi écouter le président de
la République, les leaders nationaux, toutes les institutions de
sécurité, sur leur vision de la sécurité dans la Vakaga (nord-est) et
pour savoir s'il y a davantage de sécurité dans cette partie du
pays", a affirmé M. Angelo à son arrivée.

La Minurcat est notamment chargée de former les forces de l'ordre
locales à la protection des camps de réfugiés soudanais du Darfour
voisin en guerre civile. Elle bénéficiera du soutien de la force
européenne dans ces deux pays (Eufor Tchad-RCA), qui vient d'entamer
son mandat d'un an pour sécuriser la région.


Article publié le jeudi 20 mars 2008
1613 lectures

Infos par pays